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L’EPR contre-attaque

Le briefing politique essentiel du matin.
Par ELISA BERTHOLOMEY
Avec ANTHONY LATTIER et SARAH PAILLOU
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QUI AURAIT PU PRÉDIRE. Cravate bleue striée pour l’un, imper couleur feuilles mortes boutonné jusqu’au cou pour l’autre… Playbook ne pensait pas un jour voir-de-ses-yeux-voir Eric Coquerel et Charles de Courson marcher ensemble sur Matignon. Le président LFI de la commission des Finances et le rapporteur Liot du budget — qui a décliné la proposition d’entrer au gouvernement — espéraient récupérer les lettres plafonds du budget 2025, ces documents qui fixent les montants des crédits et emplois de chaque ministère.
Montjoie, Saint-Bercy. Las, ils en sont ressortis bredouilles et, sous l’œil des caméras, n’ont pu que faire part de leur sidération de s’être fait éconduire de la sorte. Le duo ne s’avoue pas vaincu pour autant et prévoit cette fois de se lancer à l’assaut de la citadelle de Bercy, dès aujourd’hui, pour obtenir les documents demandés. Ce mercredi 18 septembre 2024 s’annonce d’ores et déjà plein de surprises. Bon réveil à toutes et à tous.
LA MARCHE DE L’EPR-EUR. Eux aussi ont l’intention d’aller dire ce qu’ils pensent à Matignon : Gabriel Attal et les cinq vice-présidents du groupe Ensemble pour la République (EPR pour les habitués), accompagnés d’Elisabeth Borne et Gérald Darmanin, ont rendez-vous avec Michel Barnier ce matin rue de Varenne pour tenter de cerner ce que veut le Premier ministre. Sur le fond, comme sur l’architecture gouvernementale.
La réunion n’a rien d’une visite de courtoisie : depuis le début de la semaine, la tension est montée d’un cran entre le nouveau PM et l’ex-majorité. A tel point que Gabriel Attal, le patron du groupe EPR a, dans un message adressé à ses troupes hier soir, laissé planer la menace de ne pas rentrer dans l’équipe Barnier. “C’est à la lumière de ces échanges que nous reviendrons vers vous pour décider de notre participation au gouvernement”, écrit-il notamment.
On récapépète. Depuis bientôt deux semaines que Michel Barnier a pris ses quartiers à Matignon, rien ou presque ne filtre sur sa ligne politique ou la configuration gouvernementale. Le PM est tellement mutique qu’au-delà de l’impatience, l’agacement a gagné les troupes. “Tout le monde est tendu”, ne pouvait que constater le conseiller d’un ministre sortant.
Vider son sac. La réunion des députés macronistes hier matin avait donc tout l’air d’une vaste thérapie de groupe. “Je pose des questions au PM sur la composition du gouvernement et sur la ligne, et il ne répond pas”, s’est agacé Attal. “On ne connaît pas qui, on ne connaît pas sa politique, ni son budget et on doit y aller ? Est-ce que Michel Barnier peut venir nous voir pour nous parler de fond avant son discours de politique générale ?”, a de son côté critiqué Gérald Darmanin.
Il dit ça, il dit rien. Au passage, face à ses collègues, le ministre de l’Intérieur démissionnaire a lâché une petite bombinette selon Le Parisien. “Michel Barnier m’a dit (…) qu’il augmentera les impôts”, a-t-il raconté, ce que Matignon ne confirme pas. “Les rumeurs sur la fiscalité sont de pures spéculations, aucune option n’est aujourd’hui arrêtée”, faisait savoir l’entourage du PM dans la soirée.
Faim de loup. Le flou entourant la ligne politique du PM n’est pas la seule explication à l’irritation des députés macronistes, la place qui leur serait réservée dans le nouvel exécutif en est une autre. De l’avis général, les LR seraient très, très gourmands. Trop, aux yeux de certains. “Barnier veut donner la majorité des ministères de plein exercice à des LR et les ministères délégués et les secrétariats d’Etat à des EPR et cie“, s’agaçait la collaboratrice d’un député EPR approché pour ce qu’elle considère être un “hochet”.
Dix de der. Lors de leur entretien avec le PM lundi, Gérard Larcher, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau auraient ainsi réclamé dix ministères, a ouï dire Playbook, dont rien de moins que l’Intérieur et les Territoires pour Wauquiez. Un ratio confirmé par un stratège de droite jugeant dans l’oreille de votre infolettre qu’“un tiers ou un quart d’un gouvernement de 40 ministres, ça ne paraît pas complètement dingo”.
Prendre LR à Beauvau. Concernant Wauquiez, ses ambitions pour 2027 (et autres menus calculs dont nous vous parlions lundi) compromettent son atterrissage à l’Intérieur. Ce qui n’ouvrirait pas pour autant un boulevard à Laurent Nuñez, actuel préfet de police de Paris, dont le nom est fréquemment cité pour Beauvau, mais qui ne serait pas l’option privilégiée par le PM. “Barnier veut un LR à l’Intérieur”, affirmait notre source considérant qu’il s’agirait là d’une “clef” pour que le chef du gouvernement affirme son autorité, pardon, sa “liberté de manœuvre” face au chef de l’Etat.
LES VOIX D’ATTAL. Restons un instant aux abords de l’Assemblée pour passer une petite annonce : le chef des députés EPR cherche ses porte-parole. Gabriel Attal a lancé hier matin, lors de la réunion de ses ouailles dont on vous parlait précédemment, un appel à candidatures, a appris Playbook auprès de deux conseillères du groupe.
Déjà sur les rangs, selon plusieurs sources parlementaires : celle qui exerçait cette mission pour Attal version Premier ministre, Prisca Thevenot ; les élues des Français de l’étranger Anne Genetet — qui aurait déjà obtenu des assurances d’Attal, a-t-elle déclaré à votre infolettre — et Eléonore Caroit (“PP” sous la précédente mandature). Comme cette dernière, deux autres pourraient vouloir rempiler à ce poste (sauf s’ils entraient au gouvernement) : Maud Bregeon et Benjamin Haddad. “S’ils sont nommés, il ne faudrait pas que ceux qui les remplacent aient l’air de plans B”, nous signalait dans l’après-midi une députée EPR, pleine de sollicitude.
BOULBI BOULGA. Comme Playbook vous l’écrivait hier, il n’aura échappé à personne dans les états-majors que Stéphane Séjourné “libère” une circonscription. Son départ à Bruxelles pour le poste de commissaire européen entraînera de fait une législative partielle dans la 9e des Hauts-de-Seine, où le secrétaire général de Renaissance s’était auto-parachuté après la dissolution. Une très bonne circo : il y avait été facilement élu au second tour avec 72,6% des voix.
Boule et Bill. Il faut dire que cette circo faisait partie de l’accord électoral conclu au niveau local entre LR et l’ex-majorité sortante dans les Hauts-de-Seine pour maximiser leurs chances en n’alignant pas de candidats les uns contre les autres. Stéphane Séjourné s’était donc présenté avec, comme suppléante, la LR Elisabeth de Maistre, maire adjointe de Boulogne-Billancourt.
La question qui se pose : l’accord LR-Renaissance va-t-il tenir ? Les LR de la circo accepteront-ils une nouvelle fois de laisser la place à un candidat Renaissance ? “Ils vont devoir respecter l’accord”, intimait un cadre du parti présidentiel, joint hier. “Partir divisés c’est prendre le risque de perdre la circo en route”, renchérissait un autre.
Sauf que deux bons connaisseurs de l’écosystème politique altoséquanais, avec qui Playbook discutait hier, doutaient que le puissant maire LR de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet, re-signe aussi facilement avec le camp présidentiel. “Il va vouloir reprendre la main”, pensait l’un de ceux qui le connaissent bien. Contactée par votre infolettre avant-hier, Elisabeth de Maistre n’excluait d’ailleurs pas de se présenter : “la réflexion est en cours”, nous écrivait-elle.
Autre donnée de l’équation : si LR avait accepté de ne pas présenter de candidat à Boulogne, c’était en échange du retrait de la majorité sortante dans la 12e circonscription des Hauts-de-Seine au profit du LR Jean-Didier Berger. L’ex-maire de Clamart a ainsi été élu dans une circonscription tenue jusqu’ici par le MoDem, en l’espèce par Jean-Louis Bourlanges. Dit autrement par l’une de nos sources : “c’est le MoDem qui a payé la circonscription de Séjourné.” Après la perte de la 12e circo et le risque de voir la 9e revenir aux LR, la potion est dure à avaler pour le MoDem, nous glissait un interlocuteur.
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MIEUX RÉGNER. Ursula von der Leyen a présenté hier le collège des 26 commissaires qui seront à ses côtés pour les cinq années à venir. Par un subtil jeu d’entremêlement des portefeuilles et des responsabilités, que vous retrace ici (en anglais) ma collègue Lucia Mackenzie, la présidente de la Commission espère empêcher l’émergence d’un commissaire trop puissant, à l’image d’un Thierry Breton dans l’équipe sortante. Pour mieux comprendre l’équilibre trouvé par UVDL, précipitez-vous sur Brussels Playbook (en anglais).
Le p’tit nouveau. Côté français, Stéphane Séjourné, ministre démissionnaire des Affaires étrangères, ajoute une ligne à son CV en devenant “executive vice president for prosperity and industrial strategy“. Dans la langue de Molière, cela signifie qu’il hérite de l’important portefeuille de la stratégie industrielle : un dossier majeur, mais la Défense et la Concurrence (deux prérogatives convoitées par la France) lui échappent. Séjourné est également nommé vice-président de la Commission, un titre honorifique dont n’était pas auréolé son prédécesseur, Thierry Breton.
Bye bye TB. Ce dernier, auteur d’une lettre courroucée, accuse Ursula von der Leyen d’avoir demandé sa tête à Emmanuel Macron. De fait, c’est bien par un coup de fil au président français la semaine dernière que l’Allemande a scellé le sort de Breton, apprend-on dans le récit offert par mes collègues Nicholas Vinocur, Elisa Braun et Laura Kayali dans cet article (gratuit et en français).
Michel Barnier reçoit Gabriel Attal et une délégation du groupe EPR à Matignon à 10h30.
Stéphane Séjourné est en déplacement à Strasbourg. 
Yaël Braun-Pivet participe à l’audition de Louis Le Franc, haut‐commissaire de la République en Nouvelle‐Calédonie, par le groupe de contact sur la Nouvelle‐Calédonie à 9 heures. Elle s’entretient ensuite successivement avec Yannick Neuder, Nicolas Metzdorf, Bruno Le Maire, Fatiha Keloua Hachi, Jean‐Noël Barrot, Jean‐Michel Jacques et Eric Coquerel.
Gabriel Attal se rend en Alsace à l’invitation de Brigitte Klinkert. Il visite le vignoble à Colmar à partir de 16h30, avant de se rendre à une réunion militante Renaissance Alsace à Strasbourg à 18h30.
Assemblée nationale : la commission des Affaires économiques auditionne Florent Menegaux, PDG de Michelin à 9 heures. Pierre Moscovici est auditionné par la commission des Finances à 9h15. Caroline Pascal, directrice générale de l’enseignement scolaire, est entendue par la commission des Affaires culturelles à 9h30. La commission des Affaires sociales auditionne à 9h30 Nicolas Scotté, envisagé pour le poste de DG de l’Institut national du cancer.  Audition de Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté par la commission des Lois à 10h30. La commission des Affaires étrangères auditionne Pierre Heilbronn, envoyé spécial du président de la République française pour l’aide et la reconstruction de l’Ukraine à 10h45. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA est auditionné par la commission des Affaires économiques à 14h30. 
Sénat : la commission des Finances se réunit à 10 heures. Sont prévues une communication de Christopher Szczurek, rapporteur spécial, sur le haut-commissariat au Plan puis une communication de Vincent Eblé et Didier Rambaud, rapporteurs spéciaux, sur le Centre des monuments nationaux. La délégation aux droits des femmes auditionne Bruno Bernard, président du conseil de la Métropole de Lyon à 17h30.
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7h15. France 2 : Maryline Baranes, docteure en psychologie clinique … Franceinfo : Hélène Devynck, journaliste
7h30. Public Sénat : Pierre Ouzoulias, sénateur CRCE-K des Hauts-de-Seine.   
7h40. TF1 : Arnaud Robinet, maire Horizons de Reims … France 2 : Gérald Darmanin, ministre démissionnaire de l’Intérieur et des Outre-Mer  … RTL : Yaël Braun-Pivet, présidente EPR de l’Assemblée nationale … RMC : Frédéric Encel, docteur en géopolitique, maître de conférences à Sciences Po.   
7h45. Franceinfo : Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône … Radio J : François-Guillaume Lorrain, auteur du livre Il fallait bien les aider.  
7h50. France Inter : Christophe Gomart, ancien chef du renseignement militaire français et Amélie Ferey, responsable de recherche sur la défense à l’Ifri. 
8h00. Public Sénat : Patrick Kanner, président du groupe SER au Sénat.  
8h10. Europe 1/CNEWS : Alain Bauer, professeur de criminologie au Cnam. 
8h15. France 2 : Marc-Antoine Le Bret, humoriste et imitateur … Radio Classique : Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos-Le Parisien et Nicolas Charbonneau, directeur de la rédaction du “Parisien-Aujourd’hui en France” … RMC : Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme.
8h20. France Inter : Emmanuel de Waresquiel, historien … RFI : Abdallah Farhat, ancien ministre libanais, professeur de droit à l’université Saint Joseph de Beyrouth.   
8h30. Franceinfo : Rémi Salomon, président de la Conférence des commissions médicales hospitalières … BFMTV/RMC : François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France … Sud Radio : Carole Delga, présidente PS du conseil régional d’Occitanie … LCI : non communiqué. 
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Paris Influ a lu Les Ogres pour vous, Benjamin Griveaux en coach de Babilou … Matignon fait la tournée de la cocotte sociale avant de dégainer ses choix … “Appel de Villers-Cotterêts” : la francophonie compte sur la bonne volonté des plateformes. C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
DANS LE JORF. Jérôme Marchand-Arvier rejoint Matignon pour devenir directeur adjoint du cabinet de Michel Barnier. 
MÉTÉO. Pas un nuage au-dessus de l’Elysée qui sera bien ouvert au public samedi et dimanche, contrairement à ce que Playbook vous écrivait hier, sans doute un peu pressé par procuration.
ANNIVERSAIRES : Bernard Bonne, ancien sénateur LR de la Loire … Louis-Jean de Nicolaÿ, sénateur LR de la Sarthe … Dominique Riquet, eurodéputé Renew … Victor Catteau, ancien député RN du Nord.
PLAYLIST. La marche impériale de Star Wars, à chantonner avant de rencontrer Michel Barnier.
Un grand merci à : nos éditeurs Matthieu Verrier et  Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.
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